Trucs et Bricolages
Coronavirus: des experts s’expriment sur le bon usage du masque non médical
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Coronavirus: des experts s’expriment sur le bon usage du masque non médical

Faut-il porter un masque? Peut-on le réutiliser? Les experts, eux, en portent-ils? Des réponses ici:

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Les autorités canadiennes ont recommandé cette semaine de porter un masque en tissus lors de nos déplacements, en cette période de pandémie de la COVID-19. Ceci après ne pas l’avoir recommandé pendant plusieurs semaines.

Histoire de donner de bonnes informations à la population qui est bombardée de conseils et d’informations plus ou moins fondées, La Presse a demandé à 4 experts ayant étudié la question leur avis au sujet du port du masque et de la bonne façon de le porter…

1. Faudrait-il porter un masque pour aller faire des courses?

Selon dit Marianne van der Sande, de l’Institut de médecine tropicale de Belgique, qui est aussi l’autrice principale d’une étude sur les masques médicaux et non médicaux qui a été publiée en 2008 dans la revue PLOS One:

« Le plus important est de rester à deux mètres des gens, Si ce n’est pas possible, on peut porter un masque. Mais le moins longtemps possible, parce qu’un masque porte à se toucher plus fréquemment le visage, c’est un réflexe. Et avec un masque non médical, les gouttelettes vont moins loin, mais elles traversent le masque. » 

Selon Anna Davies, de l’Université de Cambridge, et autrice principale d’une étude sur les masques non médicaux publiée en 2013 dans la revue Disaster Medicine, puisque le port du masque augmente la tendance à se toucher le visage sans s’en rendre compte, en porter un trop longtemps peut être contre-productif.

2. Que faire si on veut réutiliser le même masque ?

Les experts sont d’accord:  il faut laver le masque après chaque utilisation. Et si on veut en réutiliser un au cours de la même journée, on doit le remettre exactement de la même façon. 

On peut également mettre ledit accessoire en « isolement » quelques jours dans un sac. 

Ce qui, d’après Anna Davies, « est une habitude très dure à prendre ».

Cependant, Benjamin Cowling, de l’Université de Hong Kong et auteur principal d’une étude sur les masques médicaux publiée cette semaine dans Nature Medicine, croit qu’il est possible d’instruire le public, afin que les masques n’augmentent pas les risques d’infections. « Ici, tous les gens en portent un quand ils sortent de chez eux. Il suffit d’être très concentré pour ne pas se toucher le visage et de se laver les mains dès qu’on en a l’occasion. On les lave après chaque utilisation. S’il le faut, on en porte un pour aller au bureau et un autre pour revenir », a-t-il expliqué à La Presse.

Voici l’avis des spécialistes québécois ayant pris position récemment en faveur du masque dans les médias:

Anne Gatignol, de l’Université McGill, Benoit Barbeau, de l’UQAM, et Paul Saba, omnipraticien de Lachine, sont tous les trois d’avis qu’il faut réserver l’usage de masques non médicaux aux moments où  il est impossible de maintenir la distanciation de deux mètres. De plus, il faut les laver après chaque utilisation. Donc, il ne faut pas nécessairement en porter un en sortant de la maison.


capture d'écran - Facebook

Est-ce que les études portant sur les masques représentent des situations réalistes?

L’étude de Benjamin Cowling portait sur les patients d’une clinique et on y recueillait les gouttelettes de virus pendant 30 minutes à l’aide d’un appareil se trouvant à un mètre du patient. 

L’étude de la Dre Davies, pour sa part, recueillait la quantité de virus traversant divers types de masques non médicaux lorsque des volontaires toussaient. 

De son côté, Marianne van der Sande a étudié en laboratoire des volontaires portant des masques pendant 30 minutes et 3 heures, et des masques installés sur un appareil « respirant » avec une force qui équivalait à un souffle puissant. 

Finalement, une étude australienne qui a été publiée en 2009 dans la revue Emerging Infectious Disease a évalué le risque d’infection grippale chez des parents d’un enfant grippé portant ou non des masques médicaux à la maison. C’est la seule étude qui s’est montrée réaliste, puisque qu’elle a démontré que la moitié seulement des cobayes portaient leur masque une bonne partie du temps. 

« En laboratoire, on surveille les gens pour qu’ils ne se touchent pas le visage. Il y a aussi une question de force d’exhalation, qui n’est pas la même selon qu’on tousse, qu’on parle ou qu’on se tait », a expliqué la Dre van der Sande. 

Les experts portent-ils des masques?

Pas d’unanimité ici dans les habitudes. La Dre Davies et la Dre van der Sande n’en portent pas, alors que le Dr Cowling en enfile un quand il sort de chez lui. 

« Je n’en porte pas pour nos promenades familiales, et je n’en ai pas porté lors de ma dernière visite au Métro, mais j’en ai porté un au Costco parce qu’il y avait beaucoup de gens », a confié Paul Saba. 

« Je me mets deux épaisseurs de foulard sur le trottoir parce que parfois des coureurs arrivent par-derrière, et je mets un masque dans les magasins », mentionne pour sa part Anne Gatignol.


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Sur le site Web du Gouvernement du Canada, on peut lire ceci au sujet des masques non médicaux:

« Il n'a pas été prouvé que le port d'un masque non médical ou d'un masque fait maison protège la personne qui le porte, mais il peut constituer une mesure supplémentaire pour protéger les autres personnes autour de vous. L'administratrice en chef de la santé publique du Canada conseille aux Canadiens et Canadiennes de porter un masque facial non médical comme mesure supplémentaire pour aider à réduire la propagation du nouveau coronavirus dans des circonstances qui ne leur permettent pas d'assurer une distanciation physique (sociale) adéquate ».

On ajoute que « Ces types de masques ne sont pas efficaces pour bloquer les particules virales qui peuvent être transmises par la toux, les éternuements ou certaines procédures médicales. Ils n'offrent pas une protection complète contre les particules virales en raison de leur coupe ample et des matériaux utilisés ».

Source: La Presse